fig 1 : Le loup devient fou

IBM, la Tchéquie et le loup de Tex Avery.

Vous fûtes plusieurs à réclamer des nouvelles, et comme j'aime me la péter, je fais ça avec une page perso, et j'écris au passé pour faire romanesque.

Le voyage

Fatigant. Le bus roulait très vite sur les autoroutes allemandes. A 5 heures du mat nous arrivâmes à Pragues. Ville super à ce qu'il paraît. Sans doute, mais quand un chauffeur vous jette du bus sans plus d'explication, qu'il fait moins un, que vous avez pas dormi de la nuit et que vous avez des gros sacs, elle ne semble pas si accueillante. Comme la plupart des passagers descendaient là, ils n'étaient pas au courant de la suite des évènements. C'est  comme ça que je tombai sur Farid, un collègue de taf, et aussi  mon actuel collocataire dans le "Natek flat".
On trouva un autre français, qui lui connaissait bien le pays, puisqu'il était marié à une femme tchèque. Il nous a donna quelques tuyaux.
On eut un premier aperçu du niveau de développement de la Tchéquie : il y avait le wifi gratuit dans la gare, et aussi dans le bus ! j'avais jamais vu ça avant. Si vous pensez que c'est un pays sous-développé vous vous fourrez le doigt dans l'oeil.
Quand je pense à Nantes ou Rennes qui se la pètent avec un demi metro et deux tiers de tramway... A Brno il existe plus de dix lignes de tram.


Arrivée à Brno




Au radar ! Comme c'était dimanche, je n'avais pas pu avoir les clés de l'appart Natek, contrairement a  Farid qui avait réussi à contacter un locataire. J'étais tellement naze que je dormis  au grand hôtel juste en face de la gare, un 4 étoiles... 75 euros la nuit ! Je dormis fort bien...


Premier jour


Panneau devant les bureux d'ibm.

J'avais entendu dire qu'il était primordial de se pointer en costard chez IBM .  Me levant  de mon plumard grand luxe je me préparai donc, me rasai, mis des chaussettes non-blanches, fouillai ma valise pour en sortir une chemise...  Pas de chemise.  J'avais tout,  des chaussures en faux cuir  à la cravate rayée... Mais pas de chemise.  Je fis donc au mieux,  mettant ma veste par dessus un pull, et sautai dans un taxi. Bien sûr le chauffeur ne parlait ni français ni anglais, mais comprit parfaitement "IBM !" : c'était un des plus gros employeurs de la ville.
Ces locaux étaient constitués de gros cubes gris en verre et en béton. A l'entrée ça ne rigolait pas, il fallait montrer badge blanc, ce que faisaient plusieurs personnes... habillées de jeans et autres vêtements frivoles. Je me présentai donc aux gardiennes, portant ma couette enveloppée dans un cabas de supermarché sous le bras.  On me fit attendre dans le hall d'entrée,  où Farid est arriva à son tour. Peu après notre RH, avec une attitude très amicale, nous introduisit dans une pièce avec des vitres à la place des murs comme pour permettre aux curieux de nous observer, nous, les nouveaux, ici appelés les "new comers".


   

Les "New comers"


Arrivant des quatre coins du monde, les newcomers viennent ici pour diverses raisons. La tchéquie semble connaître une croissance  économique discontinue depuis la chute du communisme. Chez IBM cela se traduit par le fait que tout le monde ou presque a sa chance a condition de parler plusieurs langues et de savoir utiliser une souris, et tout le monde monte en grade tôt ou tard puisque l'entreprise grandit de jour en jour. "Carrier opportunities" est donc le leitmotiv des recruteurs ici.
Le jour de mon arrivée je me retrouvai avec un camerounais, deux autres français (de banlieue parisienne) un slovaque et un geek italien. Ici c"est une vraie tour de babel, j"aime beaucoup. On peut parfois entendre dix langues dans la même pièce.

le truc que t'y crois pas
 
La stratégie de recrutement basée sur le "respecet des différences" est très efficace et cela a du bon de travailler dans ce contexte : les échanges culturels sont nombreux, les intégristes ne veulent tout simplement pas bosser ici... Beaucoup de gens talentueux refusés ailleurs du fait de leur appartenance ethnique , de leur sexe ou de leur sexualité se retrrouvent ici. Au moins sur ce point, la propagande interne d'IBM ne ment pas !


Communication d"entreprise hollywoodienne que t'y crois pas

IBM n'est pas aussi sectaire que google mais faites gaffe quand même, a en croire la video qu"on vous montre lors du "welcome day", quand on entre chez eux c'est pour la vie... On se retrouve même d'office appelé un "ibmer", intégré à une société qui se propose carrément de sauver le monde.


Ce que j'y fais

En gros, je surveille les infrastructures informatiques de Carrefour France au sein  d'une grosse équipe. on surveille environ 10000 machines (dont dépendent des milliers d'autres). Dès que l'une de celles-ci a le moindre problème, on en est avertis et on intervient. Je pousse pas plus loin les explications, j'ai pas le droit :p ! En gros je suis chargé de la surveillance et du dispatching des tâches.
Je suis content mais un peu frustré, car j'ai le niveau pour passer spécialiste Unix mieux payé, mais ça viendra !


Les conditions de travail

Je dirais qu'elles sont correctes dans l'ensemble, 40 heures par semaine, on peut choisir de bosser ou pas en 3x8, les heures de nuit, les week-ends et les astreintes sont majorés. Cela comporte des avantages, des week-ends de trois ou de quatre jours par exemple. Ces jours de congés supplémentaires sont indispensables car il faut bien deux jours pour se remettre à l'endroit apres avoir fait des horaires de nuit, 22h / 6h...



Sinon, on bosse en open-space. pour ceux qui connaissent pas, un immense bureau ou tout le monde bosse. Ce mode de fonctionnement est très critiqué, on lui attribue notamment de récents  suicides dûs au stress... Moi je crois que la forme a bon dos, a mon avis on ne se suicide pas parce qu'on bosse en open-space, on se suicide parce qu'on bosse en open-space... avec des connards ! Perso ça ne risque pas de m'arriver, d'une parce qu'ici l'ambiance de travail est assez bonne, de deux parce que si un taf me démoralisait au point de me donner envie d'attenter à mes jours, j'irais bosser ailleurs !


.............. A suivre (après le taf, le réconfort , la vie nocturne !)